Pour son avant-dernière exposition 2017, le Pont des Z’Arts a choisi comme thème la CARTE POSTALE et a invité les artistes à la considérer dans son format le plus usuel (10 x 15 cm).
Les pouvoirs évocateurs de la carte postale sont multiples. Mais, qu’elle soit touristique, saugrenue ou humoristique, rencontre surprenante au détour d’une flânerie ou essai poétique, photographie industrielle ou œuvre d’art, elle renvoie toujours à ce qu’elle est à l’origine, un clin d’œil postal, un témoignage d’affection parfois longtemps conservé.
À l’occasion de cette exposition, plus de quarante artistes enrichissent notre imaginaire. En détournant parfois l’objet de son usage traditionnel, ils ouvrent de petits espaces de rêverie dans notre monde prosaïque.
Il y a l’apparition permanente de nouvelles formes dans la nature, qui suivent le fil des saisons et le bouillonnement incessant de la vie, la nature qui à chaque instant transforme tout ce qui nous entoure. Et il y a notre oeil et notre cerveau, l’instant où l’image apparait, qu’elle vienne de l’extérieur ou de l’intérieur.
C’est avec une vision qui a encore toute sa spontanéité qu’elle ne doit pas perdre en se fixant sur l’objectif que le photographe tente de travailler. Une vision et une impression fugaces dans laquelle, contrairement à la peinture, la main et le talent du peintre n’aura aucun droit pour en dire plus.
Peut-on vraiment traduire ce qu’on ressent lorsqu’on voit ?
Autant de regards différents dans cette exposition dont chaque regardeur pourra s’imprégner.
Les photographes lors du vernissage
Frédérique DIGUET
Alice DOURENN, http://www.alicedourenn.com/
Gabrielle HUESSY
Gilles LANSARD, http://www.gilles-lansard.com/
Jérôme PRUNIAUX, http://jpruniaux.wixsite.com/galerie
Eva RUSSBACH
Y a-t-il au monde une forme à la fois plus simple, plus présente et plus fondamentale que la ligne horizontale? Trois artistes ont tenté de l’approcher et d’en saisir l’essentiel.
Véronique Déthiollaz
Elles flottent en eau douce. Barques sans mâts ou mâts tombés. A moitié dessus, à moitié dessous. Flottent sur l’étang, la terre inondée. Dérivent entre les roseaux. Bois flottés.
Ciel et terre séparés. Jour-nuit. Blanc-noir. Bruine et pluie dessus. Parfum de tourbe dessous. Monde d’en haut, monde d’en bas. Entre deux, la ligne. Un fil, un sillon, un sillage, une griffure, le faîte d’un mur. Entre deux le trait, la tache, la coulure. Passage improbable.
Annette Genêt
Ligne horizontale, auréole de ma planète, départ pour l’infini. Innombrables points, microcosmes inconnus où s’entrecroisent tous les insaisissables. Voie ouverte à la rêverie, ligne d’envol pour d’improbables destinations. Inaccessible et vaste horizon. Grand large, liberté fantasmée, aventureux vaisseau offert au néant. L’eau, mon centre de gravité, lacs ou mers calmes, douce harmonie, mon regard s’y repose et mon cœur y est heureux.
Guy Schibler
La ligne horizontale est riche d’une grande variété de sens. L’homme la rencontre évidemment grâce à la ligne d’horizon. Mais ensuite il se l’approprie. Il en fait par exemple le moyen d’une séparation entre le haut et le bas. Ou alors la trace d’un passage, l’épure d’un parcours. Opposée à la ligne verticale, elle peut encore désigner l’attachement au sol, l’esprit d’immanence… J’ai tenté de saisir quelques-uns de ses traits par l’image photographique.