Isabelle TANNER
Saxifraga
Elle était fine comme l’air, légère comme du papier, fragile comme le cristal, et la voilà casseuse de cailloux. Ce qui était peut-être, ce qui sera un jour, de la lave en fusion, de la pierre qui brûle, qui garde sa matière, qui change de couleur et d’état. De la pierre qu’il faudra bien casser pour connaître son secret. Caché, le sens mais pas la forme, remis l’un sur l’autre, les morceaux même épars se parlent encore, se ressemblent et s’assemblent. Casser des pierres. Une étrange beauté, c’était hier et c’est déjà demain, justement ajusté, une histoire de couleur. Torrents et rivières aussi, ces vues glacées où la révolte gronde, éboulis et fracas. Tout ici parle de nature et de force, de violence faite à la structure du monde, de ce que l’on pourrait en faire, de ce que l’on en fait, de la surprise, de la beauté, de cet agencement qui toujours nous échappe. Le monde, livré à nos pieds, à nos yeux incrédules. La montagne comme un fleuve, une faille arrêtée, la pierre comme une image de notre éternité.
Nicolas RABOUD
Jean-Claude SCHAUENBERG
Natures mortes 2021
Comment contempler la nature au XXIe siècle ?
Comment en faire la peinture ?
Un simple bâton rouge et blanc fiché dans un site naturel… et ce paysage ne l’est déjà plus !
N’est-ce pas toujours dans l’excès qu’une réalité accède à sa vérité ?
C’est bien la raison pour laquelle Schauenburg simplifie excessivement.
Michel THÉVOZ 2012
https://www.rts.ch/play/radio/vertigo/audio/schauenberg–un-art-tous-azimuts?id=10437221